Bonjour tout le monde !

Ici Alex, militant·e des droits humains (féminisme, queer, anti-racismes, enfantisme, anti-psychophobie, anti-spéciste et bien d’autres) ; et aussi secouriste en santé mentale. J’ai vingt ans, je suis non-binaire et, depuis peu, j’expérimente dans ma vie relationnelle et affective, ce que l’on qualifie de polyamour.

Je vais tenter d’expliquer ce qu’est le polyamour, puis raconter ma situation personnelle, tout en expliquant mon point de vue sur ce mode relationnel. C’est parti !

// Contenu safe <3 //

1 - Le polyamour
De façon générale, on définit le polyamour comme étant le terme parapluie (général, qui englobe plusieurs réalités) s’opposant à la notion de couple exclusif. On définit donc la relation romantique exclusive comme étant - outre le fait d’être la plus répandue dans le monde et l’histoire - une relation dans laquelle deux personnes éprouvent des sentiments amoureux, romantiques, affectifs, plus ou moins intenses, et généralement plus intenses que les sentiments d’amitié ou les relations de travail.

Cette relation se veut unique, c'est-à-dire que les deux personnes n’entretiennent ces sentiments qu’uniquement l’un·e envers l’autre. Tout ce qui est entretenu en dehors est qualifié de “tromperie” et n’est pas toléré dans ce type de relation.

On définit donc cette notion de polyamour comme tout modèle construit en dehors de ce couple exclusif hiérarchisé (la relation amoureuse est mise à part de toutes les autres, et est généralement plus importante, plus intense, plus valorisée que les autres). On retrouve par exemple les modèles suivants :

- Le couple libre se définit comme une relation principale (le couple) où chaque personne est libre d’entretenir d’autres relations secondaires. Généralement, on distingue le couple libre de type DADT (Don't ask don't tell) où les partenaires ne sont pas tenu·e·s de rendre compte de leurs relations secondaires, ni de leur nature, ni de leur récurrence, ni de leur durée, ni de leur identité... Et ce qu'on labélise de "non-monogamie éthique", qui se veut plus responsable et qui permet une plus grande transparence entre les partenaires du couple principal

- La triad est une structure relationnelle impliquant trois personnes qui entretiennent une relation amoureuse toutes ensemble. Aussi appelée triangle (amoureux) ou trouple. Les liens entre chaque partie ne sont pas forcément exactement les mêmes, mais tendent à l'unification, pour la cohésion du trouple.

- Le V (ou Vee) est une relation impliquant trois personnes dont l’une est en relation avec les deux autres, qui ne sont pas en relation l'un avec l'autre.

- un quad est une relation polyamoureuse impliquant quatre partenaires, qui peuvent entretenir n’importe quel type de relation entre elleux.

- Le N est une relation à quatre, structurée autour de deux couples “principaux” (par exemple A-B et C-D) et d’une relation qui fait la jonction (par exemple B-C). Cela crée une sorte de chaîne de polyamour, ou un N.

- Le polycule est un mot valise, composé de polyamour et molécule, qui fait référence à toutes les interconnexions entre des personnes qui se fréquentent, entretiennent des relations romantiques et/ou sexuelles.

2 - Mon expérience personnelle
En tant que personne queer, fol, et très certainement neuroa, j’ai mis du temps à me projeter dans une relation saine, à m’affirmer dans la société cisnormée et hétéronormée, sous le joug du patriarcat et des lgbtphobies constantes. Mais à présent, et ce depuis une rencontre *formidable*, j’ai réussi à déconstruire mes stéréotypes et mes propres biais sur le modèle exclusif. Voici mon histoire :

J’ai rencontré F. en Novembre dernier (2024) lors d’une journée organisée par un collectif dans lequel je milite, pour les droits des enfants, et on s’est échangé quelques mots. En tentant de monter un projet de Mad Pride (en gros, une pride pour les fols), j’ai demandé à sa sœur, qui milite avec moi dans ce même collectif, si elle voulait m’aider. Elle m’a alors proposé d’en parler à F. qui serait potentiellement bien plus impliquée qu’elle-même. J’ai donc accepté d’être contacté·e par elle, et on a commencé à faire connaissances.

Au bout de plusieurs dizaines de jours, puis semaines, nous avons réalisé que nous étions sur la même ligne dans de nombreux domaines (militantisme, droits humains, identités queers et fols, parcours de vie, personnalité, passions, activités pendant notre temps libre, et bien d’autres). Suite à cela, nous nous sommes vu·e·s le temps d’un après-midi, pour discuter, s’amuser et se promener. Nous avons mangé une crêpe, puis de façon totalement inattendue, elle a posé sa tête sur mon épaule. J’ai accepté et j'ai fait de même quelques minutes plus tard. En moins de vingt minutes, nous étions sur un banc public à nous serrer, nous câliner et parfois même à passer une main dans nos cheveux.

Suite à cela, et en ayant discuté par messages avec F., nous avons convenu que, étant donné qu’elle était dans une relation libre avec une autre personne, il était possible de se lancer dans un polyamour, qui s’est affiné en *anarchie relationnelle*. Depuis, nous nous voyons régulièrement afin de réitérer nos câlins, papouilles et caresses, sans pour autant faire davantage (et c’est ok pour nous deux). Par messages, et à l’oral, nos conversations sont basées sur un lexique romantique et affectif, un soutien émotionnel et une *safe place* pour toute confidence.

On partage beaucoup de réflexions politiques, philosophiques, mais aussi, on parle de sujets de tous les jours, on se raconte nos journées, on se fait des blagues… Tout cela est consenti, agréable et ressourçant.

3 - Vous avez dit…anarchie ?
Oui ! En fait, l’anarchie n’est pas le chaos total dans une société de violence et de loi du plus fort. C’est plutôt une société dans laquelle il n’y a pas de hiérarchie, de leader, de chef, de gouvernement, d'État, de nation… Toutes les structures oppressives/hiérarchiques sont abolies, et les biens et moyens de productions sont socialisés, mis à disposition du peuple, et autogérés.

Sans rentrer dans les détails, vu que ce n’est pas le sujet, l’anarchie relationnelle reprend ce concept d’abolition de la hiérarchie, et donc de non-classification des relations. Par exemple, F. ne considère pas qu’il y a une de ses relations qui est plus importante que les autres. Bien sûr, elle préfèrera perdre un·e ami·e au sens traditionnel du terme, qu’un·e partenaire polyamoureux·se, mais à l’intérieur du polycule, chaque personne a sa place, son importance, son expérience individualisée et unique.

Pour autant, on ne veut ni vivre ensemble comme un couple exclusif traditionnel (puisqu’on a, surtout elle, d’autres relations polya toutes aussi importantes), et on vit donc chacun·e de notre côté, tout en se voyant régulièrement. Il est également possible (ce n’est pas notre choix, mais on peut changer d’avis) de concevoir et élever des enfants, ce qu’on appelle la co-parentalité, dans des relations polyamoureuses. Avant de vous lancer, je vous conseille de bien vous renseigner, pour savoir un peu ce dont il relève, car élever un enfant dans ce type de relations n’est pas une mince à faire ; entre les oppressions patriarcales et lgbtphobes, les lois qui constituent un cadre à respecter rigoureusement, le jugement des gens et le bien-être de l’enfant…

Par contre, si vous voulez vous lancer dans le polyamour, voici quelques petits tips :
- Faites vous confiance, ne vous mettez pas la pression. Vous pouvez avoir une relation plus intense qu’une autre, quand bien même ces partenaires n’en auraient pas.
- Discutez en et demandez le consentement si vous n’êtes pas sûr·e de vous. Avant d’embarquer quelqu’un dans le polyamour, demandez lui si iel y consent, et discutez de comment cela se concrétisera ou de votre vision respective.
- Entretenez chaque relation comme si elle était “normale”, c'est-à-dire n’essayez pas de créer une utopie irréaliste où tout le monde s’aimerait dans le monde des bisounours avec des hippies, etc. Non, allez-y à votre rythme et acceptez que, parfois, ça peut foirer et qu’il faut donc entretenir les relations comme dans n’importe quelle relation humaine (famille, amitié, amour, collègue de travail ou d’études)

Merci de m’avoir lu·e et j’espère que ça vous aura été utile ! Bonne journée/soirée et à vos questions <3

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