Question (Fille / 2002)

Bonsoir,
J'aurais besoin d'un point de vue extérieur sur quelque chose qui m'est arrivé il y a environ deux ans.

J'étais tombée amoureuse d'un de mes collègues de travail (j'avais 20 ans et lui 31), je ne lui avait jamais rien dit par rapport à ça. Tout se passait bien au travail, sans aucun problème.
Un jour, il y a eu une fête et j'en ai profité pour y aller.
Plus tôt dans la matinée, j'avais croisé ce fameux collègue (j'avais cours ce jour-là) et il m'a invité le soir même, pour me payer un verre.

Je le retrouve à la fête et tout se passe bien (dans un premier temps), si ce n'est que je remarque qu'il avait l'air d'avoir bu pas mal d'alcool (ce n'était pas la première fois que je le voyais dans cet état). On faisait simplement discuter et danser (a savoir que je ne buvais pas, ayant la voiture et voulant rentrer vers 23h). A un moment, un autre gars arrive (et que je connaissais pas) et vient commencer à me parler. Mon collègue a réagit hyper violemment, en lui disant de dégager et que s'il m'approchait, il allait, je cite, "le buter". Sur l'instant, j'ai trouvé ça hyper touchant et presque protecteur et j'ai simplement rigolé (alors que j'aurais très clairement dû fuir mais bref). La soirée continue, avec quelques embrouilles abev d'autres hommes (on a failli se faire dégager par la sécurité).
Il m'a embrassé à un moment (j'étais clairement sur mon petit nuage), je lui dit alors qu'il se payait un autre verre d'alcool fort, que ça devait être le dernier (chose qu'il a respecté).

Nous avons ensuite quitté la fête, je lui ai proposé de le ramener chez lui avant de rentrer chez moi (la fatigue + cours le lendemain + lui bourré = pour moi, il n'y aurait rien de plus). Sauf que mon collègue me rembrasse avant d'insister à ce qu'aille chez lui, parce qu'il avait envie de moi etc. Je lui ai bien verbalisé que NON, j'avais cours le lendemain et que je préférais rentrer chez moi, et qu'en plus il était bourré et qu'il ne risquait de se souvenir de rien (et regretter). Il a insisté plusieurs fois (en m'embrassaant et me caressant), et je me suis soudainement souvenue de la violence dont il avait fait preuve envers l'homme qui venait me parler, avant de finalement céder.

Dire que je n'éprouvais pas de désir, ni d'envie d'aller plus loin serait faux, mais j'avais en tête qu'une personne alcoolisée ne pouvait pas donner son consentement éclairé, avant de réaliser que s'il avait été violent avec un homme, il pouvait l'être tout autant avec moi (d'autant plus que je ne pouvais pas spécialement demander d'aide à autrui, étant éloigné de la fête).
Nous avons rejoins ma voiture, fait nos affaires puis nous avons été chez lui pour dormir.
Les jours qui ont suivi, nous avons remis les choses à plats, lui n'ayant considéré ça que comme un coup d'un soir (alors que je m'imaginais déjà presque au mariage...la blague). Il n'avait pas l'air spécialement dérangé par ça et semblait s'en souvenir, et ça a été plus ou moins pareil pour moi (avant qu'il ne me brise le coeur).

Toutefois, même si j'étais "heureuse" de ce qui s'était passé, en en parlant avec certaines personne de mon entourage, celles-ci m'ont beaucoup ressorti qu'il m'avait "utilisée" (à savoir que j'avais passé sous silence le moment ou il avait insisté malgré mes non) ; à chaque fois que j'y repense, je ressens comme un malaise. Je me suis rendue compte qu'il a certaines choses que je n'aurais jamais du laissé passer.

Au final, je ne sais pas si c'était un rapport réellement consenti (étant donné qu'une personne bourrée ne peut donner son consentement et que céder n'est pas consentir). Je n'arrive pas à mettre de mot sur ce qu'il s'est passé (ou plutôt je ne veux pas, malgré cette sensation de malaise). Je suis un peu perdue et ne sais plus quoi en penser. Est-ce moi qui suis en tort dans l'histoire ?

Merci d'avance pour votre retour (et désolée pour le pavé XD).

Réponse

Tu as bien fait de nous écrire car, lorsque les sentiments se mélangent, il est parfois difficile d'avoir un regard objectif sur la situation. Un regard extérieur est donc souvent indispensable.

D'abord, tu dois savoir que pour qu'il y ait respect du consentement, si l'un des partenaires dit "stop" à quoique ce soit et à n'importe quel moment de la relation, l'autre doit s'arrêter immédiatement. Dans ta situation, si nous l'avons bien comprise, ce n'est pas ce qu'il s'est passé.

Ensuite, dans la loi suisse, il est interdit de contraindre une personne à un acte d'ordre sexuel en exerçant sur elle des pressions d’ordre psychique. Le fait qu'il insiste à plusieurs reprises jusqu'à ce que tu "cèdes" est donc interdit par la loi.

Donc, pour répondre à ta question, ce n'est pas toi qui es en tort, mais c'est bien cet homme. Et peu importe qu'il ait bu ou non, il n'avait aucun droit de te forcer à quoique ce soit.

Ce que nous t'encourageons à faire pour que tu puisses y voir plus clair est de t'adresser au centre LAVI de ton canton. C’est un centre d’aide aux personnes ayant été victimes d’infraction. Les intervenant·e·s t’accueilleront gratuitement, confidentiellement et pourront écouter ton histoire pour qualifier si ce qu'il s'est passé tombe bien sous le coup de la justice et pour t’informer de tes droits par rapport à une plainte.

Iels vont aussi pouvoir t’orienter vers des avocats si tu peux/veux porter plainte ou/et vers des professionnel·le·s de la santé (par exemple des psychothérapeutes ou des psychologues) et te fournir des bons pour que tu puisses t’adresser à elleux gratuitement si tu en ressens le besoin.

Tu trouveras les coordonnées du centre LAVI dans le lien que nous te mettons à la fin du message.

Bon courage pour ces démarches et nous restons à ton écoute,

L’équipe ontecoute.ch

Dernière modification le 27 novembre 2024

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