Question (Fille / 2005)

Bonjour,

Je suis une jeune femme de 19 ans, l’aînée de trois enfants, et je me retrouve face à une situation qui me dépasse. J’ai besoin d’aide concernant ma mère et je ne sais pas vers qui me tourner.

Contexte familial
Mes parents ne se disputent pas, mais ils ne parlent pas non plus vraiment de leurs émotions. Mon père voyage beaucoup pour le travail et a une approche très rationnelle des choses, alors que ma mère, mes frères et sœurs, et moi sommes plutôt sensibles et émotifs. Mes cadets traversent aussi une période compliquée, ce qui rend certaines soirées très lourdes à la maison.

Ma mère a déjà admis qu’elle rentrait tard exprès et qu’elle remplissait son emploi du temps avec des activités en soirée pour éviter de rentrer trop tôt. Elle est une psychologue très connue dans notre région.
Je sais que mes parents n’étaient pas éperdument amoureux, mais je sais aussi qu’ils comptent vieillir ensemble.

Le problème : sa consommation d’alcool
Ma mère boit trop, et cela empire. Mon père et moi sommes inquiets et avons commencé à surveiller sa consommation. Depuis peu, ma petite sœur commence aussi à le remarquer.

D’habitude, elle boit environ 1,5 bouteilles de vin, et cela plusieurs jours d’affilée.
Depuis quelques jours, elle a même ajouté de la vodka à sa consommation.
Elle commence à boire dès qu’elle cuisine le déjeuner à midi et recommence en rentrant à la maison le soir.
Elle dit qu’elle boit surtout pour le goût (vin et bière) mais admet que ça la détend aussi.
Elle ne semble jamais ivre dans le sens traditionnel du terme, ni avoir de gueule de bois, peut-être à cause de la tolérance qu’elle a développée.
Sous l’effet de l’alcool, elle devient plus intense, confrontante et blessante.
Mon père et moi avons essayé de lui en parler séparément, quand elle était sobre, mais cela s’est toujours très mal passé. Elle se met sur la défensive et refuse de voir le problème. Elle nous a même dit "tout le monde meurt de quelque chose". Je pense qu’elle pourrait arrêter sans beaucoup trop d’effort, mais je ne suis plus sûre de rien quand cela la concerne. Ce que je sais, c’est que quand elle boit, elle semble ne pas pouvoir se limiter à un verre.

Les raisons possibles
Je sais qu’elle souffre encore du décès de ses parents, qui ont disparu dans des circonstances très différentes (l’un soudainement d’un problème cardiaque, l’autre lentement à cause d’Alzheimer). Elle prend des antidépresseurs et voit un professionnel deux fois par mois. Depuis novembre, elle est aussi émotionnellement impliquée dans une relation avec un ami d’enfance en Allemagne, ce qui doit lui peser. Je pense qu’elle culpabilise beaucoup, autant en tant que mère qu’en tant qu’épouse. Elle ne sait pas que je sais, et personne d’autre ne s’en doute.

Que faire ?
Je ne sais pas à qui en parler.
Je n’ose pas en parler à ma propre thérapeute, même si la confidentialité existe, car tous les psychologues sont plus ou moins connectés, et j’ai peur que cela nuise à la réputation de ma mère.
Mon père et moi sommes inquiets pour sa santé, mais elle refuse toute discussion sur le sujet.
Devrais-je contacter sa psychiatre en privé ? J’ai peur qu’elle le prenne comme une trahison.
Devrais-je en parler à son frère ? Elle risque de très mal le prendre.
Faut-il organiser une intervention ? Mais est-ce pertinent dans son cas, puisqu’elle fonctionne toujours normalement en société ?
Existe-t-il un moyen plus efficace de lui faire entendre raison ? Peut-être en lui faisant entendre cela de la part d’un professionnel extérieur ?
J’ai peur pour l’équilibre de ma famille, surtout avec ma petite sœur qui traverse une crise de santé mentale en ce moment. C’est déjà difficile, et j’ai peur d’adresser un autre problème. Aussi, je ne veux pas que ma mère se ferme complètement ni qu’elle s’éloigne émotionnellement de nous, ce qu’elle a fait quand nous avons essayé de parler avec elle.

Si vous avez des conseils, je suis preneuse. Merci d’avance pour votre aide :)

Réponse

La situation que vous décrivez en détail à de quoi vous dépasser, comme vous le dites. Nous comprenons votre désarroi et votre besoin d’aide.

C’est souvent compliqué d’aider une personne avec une consommation problématique d’alcool quand on est proche ou membre de la famille. Et c’est encore plus difficile quand on est le fils ou la fille de cette personne. Vous le remarquez vous-même et vous le décrivez très bien : quand une personne ne va pas bien, c’est toute la famille qui souffre.

Vous n’êtes pas seule. Vous mentionnez des ressources : votre père est aussi inquiet de la situation, il en est conscient et vous avez une thérapeute à qui potentiellement parler. Vous n’avez pas à porter cette lourde responsabilité.

Votre mère a une thérapeute, elle a accès à de l’aide. Elle est peut-être actuellement dans le déni de sa consommation à risque. C’est très fréquent. C’est très difficile d’accepter que l’on ait peut-être perdu le contrôle de sa consommation. C’est compliqué aussi d’entendre les remarques et les inquiétudes des membres de sa famille.

Vous avez essayé de lui parler, votre père aussi. Elle refuse maintenant d’en parler. Si vous la confronter, si vous lui montrer que vous surveillez sa consommation d’alcool, elle va se braquer encore plus. Par contre, vous pouvez continuer à lui faire comprendre que vous êtes inquiète pour elle. Et lui dire que vous souffrez si elle tient des propos blessants à votre égard.

Mais il est important de penser à vous, de vous protéger et de chercher de l’aide pour vous-même. Vous pouvez contacter une structure spécialisée pour faire le point, voir comment se protéger soi-même avant tout et voir comment fonctionner en famille. Discutez-en aussi avec votre père. Il pourrait aussi rencontrer une personne spécialisée dans les addictions pour comprendre comment agir. Vous trouvez d’autres informations dans le site https://www.proches-et-addiction.ch/ et des adresses dans votre canton https://www.infodrog.ch/fr/aide/indexaddictions.html

Des sites pour les jeunes et les enfants sont aussi à disposition: https://mamanboit.ch/ Toute la famille souffre. Et bien souvent, même les très petits enfants se rendent compte que quelque chose "cloche" sans pouvoir mettre un mot sur la situation.

Nous espérons vivement que vous trouverez du soutien.

Prenez bien soin de vous et n'hésitez pas à revenir si vous avez d'autres questions,

L'équipe ontecoute.ch

Dernière modification le 13 février 2025

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